Le World Resources Institute (WRI) souhaite attribuer un contrat à prix fixe à un consultant qui effectuera une analyse croisée des liens entre les pratiques agricoles et la déforestation dans les provinces du Sud-Kivu et de la Tshopo, en République démocratique du Congo.
12/07/2024
À propos du World Resources Institute
Fondé en 1982, le World Resources Institute (WRI) est un groupe de réflexion sur l’environnement mondial qui va au-delà de la recherche pour passer des idées à l’action. Nous travaillons avec les gouvernements, les entreprises et la société civile pour trouver des solutions aux défis environnementaux urgents. Les idées transformatrices du WRI protègent la terre et promeuvent le développement parce que la durabilité est essentielle pour répondre aux besoins et aux aspirations de l’homme dans le futur. Dans le cadre de la redéfinition de sa Stratégie, WRI-Afrique entend davantage centrer les intérêts des Communautés Locales et Peuples Autochtones (CLPA) dans ses interventions. La présente étude exploratoire participe à cet effort. Elle vise à comprendre les dynamiques des changements des couverts forestiers et agricoles, ainsi que les pratiques sociales associées à ces changements. A court-terme, cette étude permettra de produire une offre irrésistible sur l’amélioration des pratiques culturales dans les écosystèmes forestiers de la République Démocratique du Congo (RDC).
À propos de l’intersection agriculture-forêt
Le rôle central de l’agriculture de substance dans la vie et le devenir des populations africaines ne peut être exagéré. Assurant entre 70% et 80% de la production alimentaire tout en employant pas moins de 60% de la population active à travers le continent, elle est loin d’avoir épuisé tout son potentiel. L’Afrique dispose plus de la moitié de l’ensemble des terres arables mondiales inutilisées. Malgré l’abondance de ses terres riches et fertiles, le continent demeure la partie du monde la plus affectée par des problèmes de sécurité alimentaire. Les systèmes agricoles demeurent marqués par une productivité extrêmement faible, la dégradation des écosystèmes et des sols y compris les plus fragiles, et les pertes pré et post-récoltes bien supérieures aux récoltes nettes.
En RDC, ces dynamiques prennent une connotation particulière. L’agriculture de subsistance qui représente environ 90% de la production agricole est pratiquée par la majorité de la population. Près de 70% (près de 50 millions) de la population vit en milieu rural où ils pratiquent l’agriculture itinérante sur brûlis pour leur subsistance et source principale de revenu.
Les pratiques agricoles basées sur l’agriculture itinérante sur brûlis conjuguée à l’exploitation non durable du bois-énergie sont inquiétantes. La RDC est le deuxième pays avec la plus grande perte annuelle de superficie de forêts primaires. A titre d’illustration, les données de Global Forest Watch montrent qu’entre 2002 à 2022, la RDC a perdu 6.33 Mha de forêts primaires humides[1]. Pour la même période, la Tshopo a perdu 722Kha des forêts primaires et le Sud-Kivu en a perdu 239 Kha. La plupart de ces pertes de forêts primaires sont dues à de petites clairières situées près de zones agricoles cycliques, où les terres sont défrichées et brûlées pour des cultures à court terme, puis laissées en jachère afin de permettre la régénération des forêts et des nutriments du sol. La croissance démographique de la RDC entraîne une augmentation de la demande alimentaire, ce qui réduit les périodes de jachère et entraîne l’expansion de l’agriculture dans les forêts primaires [2].
Concernant la sécurité alimentaire, la RDC demeure l’un des pays les plus pauvres au monde, avec un niveau d’insécurité alimentaire parmi les plus élevés. En 2021, le pays a enregistré le nombre le plus important de personnes en insécurité alimentaire aigüe au monde, avec 27 millions de personnes (soit 26 % de la population)[3], en situation de crise et urgence alimentaire.
Les provinces du Bas-Uélé, de la Tshopo, de l’Ituri et du Kasaï sont celles dont le plus grand nombre d’hectares de forêt ont été affectés par des Evènement Majeur de Déforestation[4] pendant la période d’analyse, un bon nombre d’études ont été réalisées, dont notamment le rapport annuel de suivi des évènements majeurs de déforestations de l’année 2017 au sein de différents types d’affectation des terres [5]confirmant à des différences mineures près, le rôle de l’agriculture itinérante sur brulis comme principal moteur de la déforestation dans cette partie du pays. La Stratégie-cadre nationale REDD+ propose un ensemble de mesures pour favoriser l’émergence d’une agriculture durable pour résorber le double problème de la sécurité alimentaire et le maintien des forêts : cultures pérennes dans les zones dégradées, amélioration des pratiques, promotion de l’agroécologie, réorientation des investissements agricoles dans les zones dégradées, etc. Aussi cruciales que soient ces mesures, elles devront se fonder sur une compréhension fine des contextes historiques et sociaux. De manière spécifique, s’il est établi que l’installation de l’agriculture se fait au détriment des forêts, peu de connaissances existent sur les possibilités de régénération naturelle ou assistée (par les Communautés Locales et Peuples Autochtones) de ces forêts. De même, le lien entre les pratiques agricoles et la réalisation de la sécurité, voire la souveraineté alimentaire demeure à confirmer. Ceci est d’autant plus crucial que les Communauté Locale et Peuples Autochtones Pygmées actrices de pratiques agricoles peu durables sont également les premières victimes de la déforestation qui en résulte.
Pour réaliser cette étude, WRI recherche un(e) consultant(e) avec des connaissances et une expertise pertinente sur le contexte de la RDC, les institutions et, l’impact de l’agriculture de subsistance sur les écosystèmes forestiers, y compris les pratiques agricoles et les moyens de subsistance durables, et les alternatives économiques en faveur de la protection des forêts et le développement économique et social. Le rôle du/de la consultant(e) sera d’apporter un appui pour l’analyse croisée entre les pratiques agricoles et la déforestation ainsi que les pratiques sociales associées aux changements des couverts forestiers et agricoles. De manière spécifique, le/la consultant(e) traitera quatre questions de recherche suivantes :
– Quelles sont les principales pratiques agricoles favorisant les changements de couvert forestier dans les zones ciblées ?
– Quels sont les atouts et les limites perçus et réels associés à ces pratiques par les populations et les autres parties prenantes ? Ces atouts et limites doivent être pensées en rapport à la sécurité/souveraineté alimentaire, le maintien du couvert forestier, l’accès au foncier et le contrôle sur les terres et ressources forestières.
-Quels sont les efforts consentis au cours des dix dernières années pour réduire une corrélation négative entre petite agriculture et couvert forestier dans les deux provinces, et quels ont été leurs forces et faiblesses?
– Comment améliorer les pratiques actuelles pour le bien-être des populations notamment en matière de sécurité alimentaire et le développement économique, le maintien des écosystèmes forestiers et la lutte contre les changements climatiques ?
Cette analyse sera effectuée dans les Provinces du Sud- Kivu (Shabunda , Walungu, Kabare et Kalehe) et de la Tshopo (Bafwasende, Kisangani et Banalia).
Le/la consultant(e) s’appuiera sur une première analyse géospatiale conduite par l’équipe de WRI-RDC pour explorer les pratiques sociales liées à l’agriculture en zone forestière et péri-forestière ainsi que les résultats du MEOR qui a été réalisé pour la Province du Sud-Kivu. Il/elle travaillera à l’échelle “micro” et « méso » et mobilisera une combinaison de méthodes qualitatives avec un échantillon représentatifs des couches de la population dans les deux provinces : discussions de groupe dirigées, entretiens semi-structurés, et les observations directes. Les territoires choisis sont sur base de leur proximité avec la ville de Bukavu et Kisangani comme centre de consommation et de l’importation des activités agricoles et forestières dans ces milieux.
Sous la supervision du bureau RDC, les principales tâches du/de la consultant(e) sont les suivantes :
– Tâche 1 – Analyses préalables : conduire une reçue documentaire initiale sur les quatre questions de recherche. Il s’agira également d’identifier les initiatives parallèles et complémentaires à cette recherche. De ce travail initial, le/la consultant(e) produira une note de synthèse d’environ 5 pages. Outre le résumé des premiers résultats obtenus de la revue de la littérature, la note de synthèse comprendra, dans ses annexes, une description méthodologique détaillée du processus de collecte des données sur le terrain.
– Tâche 2 – La descente de terrain : le/la consultant(e) effectuera la collecte des données autour des quatre questions dans sept territoires du Sud-Kivu et de la Tshopo. Le/la consultant(e) s’emploiera à implémenter scrupuleusement la méthodologie validée de commun accord après présentation de la note de synthèse – voir tâche 1. Le/la consultant(e) produira un rapport de mission descriptif sur le processus de collecte des données, les personnes rencontrés et les premières observations.
– Tâche 3 – L’analyse des données : le/la consultant(e) effectuera une analyse finale de l’ensemble des données collectées à la lumière des évolutions légales, politiques et institutionnelles en RDC. Il/elle produira un rapport final comprenant des recommandations pour les décideurs ainsi qu’une note d’orientation sur la niche de WRI dans ce secteur.
Date de début : 15 Août 2024
Fin du contrat : 15 Novembre 2024
La valeur estimative de ce contrat se situe entre 20 000 USD et 26 000 USD.
Une estimation du nombre de jours nécessaires pour mener à bien les activités doit être fournie par les consultants dans leur proposition et doit être reflétée dans l’estimation. Cependant, une fois le budget validé, le paiement du service sera conditionné à la livraison des produits livrables et non au nombre de jours effectivement travaillés. Toutes les dépenses (équipements, véhicules, matériels, fournitures, consommables, moyens de communication, assurances, frais de déplacement, etc.) nécessaires à l’exécution de la prestation, y compris les frais de déplacement, les frais de mission, etc. sont à la charge exclusive du consultant et doivent être quantifiées dans la proposition de budget.
Livrables | Echéances |
Un rapport de démarrage comprenant une méthodologie actualisée et une revue approfondie de la littérature | 31 Août 2024 |
Un rapport de mission descriptif sur le processus de collecte des données, les personnes rencontrés et les premières observations. | 10 Octobre 2024 |
Un rapport final comprenant des recommandations pour les décideurs ainsi qu’une note d’orientation sur la niche de WRI dans ce secteur. | 15 Novembre 2024 |
Lignes directrices pour la soumission de propositions
Le consultant doit être en mesure de démontrer sa capacité à effectuer des travaux similaires, en particulier :
– Expérience dans le domaine de la gouvernance des ressources naturelles, de l’agriculture, l’économie, du développement ou de domaines connexes ;
– Bonne connaissance des institutions congolaises (gouvernement, société civile, universités et secteur privé) ;
– Capacité avérée à travailler avec des institutions nationales, provinciales, locales et internationales à différents niveaux ;
-Bonne connaissance du contexte local (pratique agricole, la gouvernance territoriale, les questions forestières, aménagement du territoire et foncière).
– Excellente communication écrite et orale en français et en anglais ;
– Solide réseau dans les secteurs de la gouvernance des ressources naturelles, de l’agriculture, économie, du développement ou dans des domaines connexes.
Les consultants potentiels doivent soumettre :
– Une déclaration d’intérêt décrivant l’équipe proposée et la manière dont elle répond aux exigences ci-dessus ;
– Les CV des membres de l’équipe ;
– Des exemples et des références de travaux antérieurs similaires ;
– Un aperçu de la méthodologie et du plan de travail proposés ;
– Une proposition de budget avec une ventilation des coûts suffisante pour évaluer le caractère raisonnable et la conformité avec les exigences de nos bailleurs de fonds. Si vous proposez un contrat à prix fixe, veuillez également inclure un calendrier de paiement compétitif associant les montants aux étapes du travail.
Toutes les manifestations d’intérêt et les questions relatives à cet appel d’offres doivent être reçues par courrier électronique au contact ci-dessous avant le 25 Juillet, 17 heures, heure de Kinshasa. Les réponses aux questions seront communiquées à toutes les parties qui ont posé des questions ou manifesté leur intérêt.
Mme Joelle Nkosi-Boeli, [email protected]
Toutes les propositions doivent être envoyées au plus tard le 2 août, 17 heures, heure de Kinshasa, sous format électronique, au même contact que celui mentionné ci-dessus.
Les éléments suivants seront les principaux critères d’évaluation de toutes les propositions soumises en réponse à cet appel d’offres :
– L’accomplissement de tous les éléments requis ;
– La mesure dans laquelle la proposition du consultant répond aux exigences de WRI telles qu’elles sont énoncées dans l’appel d’offres ;
– Le coût global de la proposition du consultant ;
– Radiation et sanctions – Le WRI ne prendra pas en considération les propositions des consultants qui sont actuellement radiés par le gouvernement américain ou qui figurent sur des listes de parties restreintes ;
– Durabilité – Le WRI accorde de l’importance à la durabilité et, tous les autres facteurs étant égaux, privilégiera une proposition visant à réaliser le travail de manière plus durable.
Le soumissionnaire offrant la meilleure valeur globale sera sélectionné. Pour ce marché, les aspects tarifaires et non tarifaires sont considérés comme étant d’importance à peu près égale.
Aucun coût de développement de la proposition ne sera facturé à la WRI / toutes les dépenses sont à la charge des soumissionnaires. WRI peut attribuer le marché au soumissionnaire offrant le meilleur rapport qualité-prix sans discussion. Toutefois, WRI se réserve le droit de demander des éclaircissements aux soumissionnaires et de négocier avec les soumissionnaires considérés comme étant dans une fourchette compétitive.
WRI peut, à sa discrétion et sans explication aux consultants potentiels, choisir d’interrompre cet appel d’offres sans obligation envers ces consultants potentiels ou de procéder à des attributions multiples dans le cadre de cet appel d’offres. Les contrats ne seront pas attribués à des consultants radiés par le gouvernement américain ou figurant sur des listes de parties restreintes.